1-Aspects historiques

Le Pays aux mille collines et aux neuf volcans trône sur les hauts plateaux de l’Afrique centrale, dans la région dite des Grands Lacs, mythique source du Nil, du Congo et du Zambèze, les grands fleuves africains.

De récentes découvertes anthropologiques laissent croire que le pays est occupé, au moins depuis l’Antiquité, par des peuples d’agriculteurs connaissant la métallurgie. Dirigé par des dynasties successives de Bami, le pays est relativement isolé, de par sa situation élevée, et les explorateurs européens ne s’y risquent pas avant la fin du XIXe siècle.

En 1885, lors du Congrès de Berlin qui organise la répartition des colonies africaines, bien que nul européen n’ait encore pénétré le royaume, le droit de conquérir le Rwanda est octroyé à l’Allemagne. Ce n’est finalement qu’en 1894 qu’un jeune aventurier allemand, le comte von Goetzen, à la tête d’une petite armée de fusiliers, explore le pays, qui passera aux Belges au terme de la Première Guerre Mondiale.

À partir de 1919 donc, le pays est sous l’emprise de la Belgique. Les colonisateurs organisent la société sur la base de l’appartenance ethnique, en institutionnalisant une démarcation qui était déjà présente. Sur la base de critères purement physiologiques, comme la mesure du crâne et l’empâtement du nez, la société est morcelée entre trois groupes : il y a à terme 85% de Hutus, 14% de Tutsis et 1% de Twa. Cette dernière ethnie représente le groupe autochtone, les «pygmés rwandais». Les Tutsis, minoritaires, sont choisis par les Belges pour diriger le pays.

Les conflits ethniques et les violences marquent les années 50, alors que les jeux de pouvoir sont instrumentalisés par des puissances étrangères, la métropole en premier lieu. Entraîné par la vague nationaliste de l’Afrique des années 60, le Rwanda acquiert l’indépendance en 1962. Les Belges décident à ce moment de soutenir les Hutus, qui prennent alors le pouvoir. L’indépendance ne marque pas la fin des violences. Plusieurs Tutsis fuient la répression et se réfugient en Ouganda voisin.

Le coup d’État de 1973 porte un Hutu du Nord, Habyarimana, au pouvoir. Il le conservera jusqu’à son assassinat en 1994. Bien que cet événement sonne le coup d’envoi des massacres, il faut comprendre l’instabilité qui règne à ce moment dans le pays comme résultant des trois années d’une guerre civile, amorcée en 1990 par l’invasion d’un groupe d’exilés, majoritairement mais non exclusivement tutsis, qui critiquent la politique autoritaire et clientéliste du gouvernement Habyarimana. Alors que les tensions sont palpables dans la capitale, l’avion dans lequel se trouve le président Habyarimana est abattu en plein vol, le 6 avril 1994. Les circonstances entourant cet assassinat demeurent nébuleuses. Le soir même, des milliers de Hutus, répondant à l’appel lancé par certains médias, s’arment de machettes et arpentent les rues pour «tuer les cafards», expression référant aux combattants tutsis étrangers, qui effectuaient des opérations militaires nocturnes. Des centaines de milliers de Tutsis sont massacrés. Dans les semaines qui suivent, le FPR envahit le pays et marche sur la capitale. Des Hutus sont massacrés, d’autres doivent s’exiler. Un nouveau système politique s’installe alors, bâti en grande partie sur le sentiment de culpabilité des Occidentaux et des Hutus.

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